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Les femmes mathématiciennes

Très peu de femmes purent contribuer aux mathématiques jusqu'au XXe siècle. Les études poussées ne leurs étaient pas accessibles. Il n'était pas de bon ton pour une femme d'étudier les mathématiques... Pourtant quelques unes se battirent contre les institutions et persévérèrent dans leurs études. Souvent elles s'opposèrent à leur propre famille pour apprendre les mathématiques. Certaines durent prendre de fausses identités et travailler dans l'isolement intellectuel. D’autres, plus chanceuses avaient un entourage possédant de grandes connaissances dans le domaine des mathématiques. Ces femmes influencèrent significativement le cours des mathématiques. Elles modifièrent la perception du monde sur le rôle intellectuel des femmes. En voici quelques unes.

Hypatie
Gabrielle Emilie Le Tonnier de Breuteuil, marquise du Châtelet
Maria Agnesi
Sophie Germain
Augusta Ada Lovelace
Sofia Kovalevskaïa
Grace Chisholm Young
Emmy Noether

Hypatie Hypatie

Hypatie, en grec ancien Hypatia, vers 370-415, était une grande mathématicienne et philosophe grecque. Son père Théon d’Alexandrie était le dernier directeur du Musée d’Alexandrie mais aussi éditeur et commentateur de textes mathématiques. C’est lui qui a éduqué sa fille et qui l’a initiée au Mathématiques et à la philosophie.

Hypatie a fait des études de sciences, de philosophie et d’éloquence à Athènes ; elle a aussi travaillé dans le domaine de l’astronomie. Hypatie a écrit plusieurs commentaires : L’Arithmétique de Diophante, Les coniques d’Apollonius de Perga, Les tables de Ptolémée.

Ses exposés publics à Alexandrie où elle a défendu le néoplatonisme lui ont valu une grande renommée. Elle a prit la succession de Plotin en dirigeant l’école Néoplatonicienne. Aucun de ses travaux ne nous est parvenu, en particulier à cause de l’incendie final de la bibliothèque d’Alexandrie ; ce qui explique un peu le fait qu’elle soit peu connue.

Synésios de Cyrène (évêque de Ptolémée), un de ses élèves devenu son ami, appréciait beaucoup Hypatie. Il lui a écrit plusieurs lettres où il l’a complimentait pour sa grâce et lui demandait des conseils pou construire un hydromètre, un astrolabe ou pour tracer des cartes géographiques.

D’après l’historien chrétien Socrate Scolasticus, Hypatie était tellement cultivée qu’elle dépassait les philosophes. Sa fière franchise, issue de son éducation, lui permettait d’affronter avec sang froid même les gouvernants. Elle n’avait pas honte à être au milieu des hommes, au contraire, grâce à sa maîtrise supérieur c’était plutôt les hommes qui était honteux et craintifs face à elle.

Malheureusement elle mourut en mars 415, lapidée dans la rue par des chrétiens fanatiques. Ceux-ci lui reprochaient d’empêcher la réconciliation entre le patriarche Cyrille d’Alexandrie et le préfet romain Oreste après des disputes sanglantes entre plusieurs communautés religieuses d’Alexandrie.

Les ouvrages d’Hypatie auraient été perdus ; cependant, selon des sources on aurait trouvé un de ses ouvrages il y a quelques années dans une bibliothèque du Vatican.

Leïla BOUZLAFA

fleche

Gabrielle Emilie Le Tonnier de Breuteuil, marquise du Châtelet Emilie du Châtelet

Fille de Louis Nicolas Le tonnelier, baron de Breteuil, Emilie eut la chance de vivre dans un milieu ouvert ; ses parents recevaient en effet le poète Jean Baptiste Rousseau et Fontenelle dans leur salon parisien et elle connut ceux-ci dès l’enfance. Elle doit à son père une éducation qui d’ordinaire était rarement dispensée aux filles. Lui-même lui enseigna le latin et celle-ci apprit d’elle-même le grec et l’allemand.

Elle se marie le 12 juin 1725 au marquis Florent Claude du Châtelet. Elle eut la chance d’avoir un mari qui la laissa vivre librement ; se rendant compte de ses propres limites autant que des capacités intellectuelles de sa femme. Le mariage se traita comme une affaire, l’amour ne rentrant que rarement en compte. Elle eut de son mari trois enfants et celui ci pris par sa carrière militaire ne la voyait pratiquement plus.

De ses divers amants, Voltaire, dont elle fit la connaissance en 1734, eut sur elle le plus d’influence, l’encouragent à étudier la physique et les mathématiques pour lesquelles il lui reconnaissait des aptitudes particulières. Il la poussa à traduire Principia Mathematica de Newton qui traite de la loi de la gravitation universelle et contient les principes essentiels de la mécanique et lui fait prendre conscience d’avoir la liberté de penser par elle-même.

Après 12 ans de liaison sentimentale et intellectuelle elle le laissa en 1746 pour le poète Saint Lambert. Elle restera toutefois liée d’amitié avec lui jusqu’à sa mort qui survient trois ans plus tard à la suite d’un accouchement à l’âge de 43 ans. Voltaire se chargea de faire publier la fameuse traduction que son amie avait faite et qu’elle avait envoyé à la bibliothèque du roi comme si elle avait pressenti sa fin.

Delphine BREUILLARD

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Maria Agnesi

Margarita Gaetara Angiolo Maria Agnesi, plus connue sous le nom de Maria Agnesi, était une linguiste, une mathématicienne et une philosophe italienne. Elle naquit le 16 mai 1718 ; son père était un riche négociant de drap.

C’était une enfant prodige et polyglotte. Quand elle avait cinq, elle savait déjà parler le français et l’italien. Elle a fait son premier discours entièrement en latin à l’âge de neuf ans ; il parlait du droit à l’accès à l’éducation des femmes. A l’âge de treize ans, elle maîtrisait le grec, l’hébreu, l’espagnol, l’allemand, le latin, et peut-être d’autres langues. Elle s’occupait aussi de l’éducation de ses jeunes frères. A quinze ans, elle fut invitée par son père au cercle d’intellectuels de Bologne où elle présenta des exposés sur les sujets philosophiques les plus complexes. Vers ses vingt ans, Maria envisageait ‘entrer au couvent mais le Père Ramiro Rampirelle l’initia aux mathématiques.

En 1750, le Pape Benoît XIV la nomma lecteur honoraire à l’Université de Bologne afin de redorer le blason de l’Italie ainsi que celui de l’Académie de Bologne. Après cela, la chaire de mathématiques lui a été proposée par le président de l’Académie et de trois professeurs de l’Université. Préférant se consacrer à des œuvres de charité, elle se retire de la vie publique. Même si son nom était écrit pendant quarante-cinq ans dans les registres de l’Université, elle n’y a jamais mis les pieds. A la mort de son père, elle se consacra entièrement aux pauvres. Elle est morte le 9 janvier 1799 à Milan.
Maria Agnesi

Bibliographies, Travaux :


1738: Propositiones Philoloshicae : recueil de 191 essais sur la philosophie et l’histoire naturelle.
1748: Instituzioni analitiche ad uso della gioventu italiana : en deux volumes. Premier volume: analyse des quantités finies ; second volume: analyse des infinitésimaux.

Maria a écrit un commentaire sur le Traité analytique des sections coniques du marquis de L’Hôpital qui n’a jamais été publié.

Antra ANDRIANARIVO

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Sophie Germain

Née en 1776, elle est la fille unique d’un riche marchand de soie. Elle se prend de passion pour les mathématiques à l’age de 13 ans, après avoir lu à la bibliothèque un chapitre sur la vie d’Archimède. Elle apprend alors seule la théorie des nombres et du calcul, étudiant les travaux d’Euler et de Newton. Son père tente tout d’abord de la dissuader de se tourner vers une profession « masculine » en confisquant les chandelles qu’elle utilise pour étudier la nuit.

Plus tard elle se procure les cours de l’école polytechnique, réservée aux hommes, en empruntant l’identité d’un ancien élève, Antoine Auguste Le Blanc. Elle envoie ses remarques à Joseph Louis de Lagrange, mathématicien et astronome français, qui découvre l’imposture en la convoquant du fait de ses brillantes réponses. Il devient l’ami et le mentor de la jeune fille. Entre 1804 et 1809, elle entreprend une correspondance avec le mathématicien Carl Friedrich Gauss, d'abord sous son pseudonyme, puis sous son nom véritable. Elle lui soumet le théorème de Fermat, ce qui lui vaudra, de la part de Gauss, une double admiration due à sa condition de femme et de mathématicienne autodidacte.

À partir de 1809, Sophie Germain aborde la théorie mathématique des surfaces élastiques. Ses travaux sur ce sujet, poursuivis pendant six ans, lui valent le prix de l'Académie des sciences en 1815 et devient ainsi la première femme à assister aux séances de l’Académie.

Sophie Germain
A partir de 1821, elle publie, à compte d'auteur, son mémoire sous le titre Recherche sur la théorie des surfaces élastiques puis, à partir de 1822, est reconnue comme mathématicienne professionnelle. Elle continue, jusqu’à sa mort en 1831, à donner des démonstrations sur la théorie des nombres, dont certaines portent toujours son nom.

Le Théorème de Germain : si x,y et z sont entiers et si x5 + y5 = z5, alors soit x, soit y, soit z doit être divisible par 5.
Le Grand Théorème de Fermat : si x, y, z et n sont des entiers positifs, alors xn + yn = zn n'a pas de solution pour n>2 .
Un nombre premier de Sophie Germain est un nombre premier n tel que 2n+1 le soit aussi.

Delphine BREUILLARD

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Augusta Ada Lovelace

Ada Byron est née en 1815 et est morte en 1852. Elle est surnommée la « fiancée » des sciences. Fille d’Annabella Milbanke et de Lord Byron, elle est considérée comme une fille hors du commun, tout simplement parce qu’elle est la fille de ce poète.
Augusta Ada Lovelace

Byron est un grand poète qui part à la guerre en Grèce, deux mois après la naissance de sa fille. Sa femme est intelligente et énergique, mais devenue amère à cause de son mari, qui est détestable avec elle, mais aussi à cause du divorce avec Lord Byron.

Annabella s’inquiète beaucoup pour l’avenir et l’éducation de sa fille, qui a hérité du génie de son père. Mais ce dont sa mère a peur, c’est que sa fille devienne fantasque et immorale. Du coup, elle fait tout pour que sa fille ait une éducation moralement irréprochable et l’éloigne de la poésie. C’est pour cela qu’Ada apprend les mathématiques, la morale, la science tout cela avec méthode.

A 16 ans, Ada tombe amoureuse d’un de ses précepteurs et veut avoir une liaison avec lui, mais cela ne se passe pas, car la personne concernée est congédiée. Sa mère sait à présent que sa fille a hérité du caractère aventureux, immorale, indépendant et passionné de son père. Elle veut donc tout faire pour que sa fille ne soit pas comme son père. A force de réprimandes, Ada croit qu’elle est aussi perverse que son père et promet de se corriger. Après avoir fait preuve de tenue, sa mère décide de l’envoyer au Roi, comme étant la fille de Lord Byron. Elle se comporte comme il le faut.

En 1833 Ada voit pour la première fois la machine à différences de Charles Babbage, grâce à Somerville. Fascinée par la machine qui exécute des calculs, elle décide de faire une description à Babbage mi-poétique, mi-mathématique qui enchante le mathématicien. C’est ainsi que débute leur amitié.

En 1835, elle épouse William King et a trois enfants avec lui. Ada écrit un mémoire intitulé mon premier enfant, dont le sujet est la machine de Babbage. Ce livre est publié sous les initiales de l’auteur : A.A.L afin de cacher son identité. Cet ouvrage est bien accueilli, mais n’obtient pas la célébrité qu’elle espère. Ada veut que les gens reconnaissent son génie pour trouver la réponse à ses souffrances et obtenir la Rédemption de son père pour tous ses péchés.

Ada n’est pas célèbre pour son apport mathématique, mais pour un passage de son mémoire, dans lequel elle parle du programme qui permet de calculer sur la machine analytique les nombres de la suite de Bernoulli. C’est le premier programme informatique écrit, qui utilise les mêmes termes et procédures qu’on a utilisé sur les premiers ordinateurs.

Mais, la machine analytique ne fonctionne jamais. Babbage n’a plus d’argent et ne peut la mettre au point, il s’arrête près du but, sans le savoir.

Ada a plusieurs idées en tête dont celui d’écrire un modèle mathématique pour avoir une vraie indépendance financière, mais ceci est refusé par sa mère et son mari. Néanmoins, elle se ruine au point de devoir vendre des bijoux de famille.

Elle meurt en 1852 à cause d’un cancer, au même âge que son père et demande à être enterré à côté de lui.

En 1980, l’armée américaine développe le langage ADA, nommé en sa mémoire.

Syline KHAMPHOUSONE

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Sofia Kovalevskaïa

Sofia Kovalevskaïa est né en 1850 et est morte en 1891. C’est une mathématicienne, romancière, et avocate des droits de la femme au XIXe siècle. Elle est née d’une famille de l’aristocratie russe.

Elle apporte de nouvelles connaissances à la théorie des équations différentielles. En 1888, elle est lauréate de l’Académie des sciences pour un mémoire sur le mouvement d’un solide ayant un point fixe.

Très jeune, elle tombe amoureuse des mathématiques. A onze ans, les murs de sa chambre sont rempli de papiers couverts de calculs mathématiques. Elle aime tellement cette matière qu’elle commence à négliger les autres matières. Son père décide alors de mettre un terme à ses leçons de mathématiques. Mais ce n’est pas ce qui va l’arrêter, car elle continue à lire secrètement des livres de la matière concernée tard dans la nuit.

A 18 ans, elle épouse Vladimir Kovalevskaïa, un paléontologue. De plus, elle persuade la direction de l’université de Heidelberg de la laisser suivre officieusement les cours, alors que les femmes ne pouvaient pas. Tous ces professeurs sont contents d’avoir une élève si brillante.

Sofia Kovalevskaïa

En 1871, elle part à Berlin pour étudier avec Weierstrass, qui lui accorde une attention personnelle, puisqu’une fois de plus, elle n’est pas admise à l’université. Elle réussit à résoudre un cas des équations de Lagrange que Weierstrass n’avais pas pu résoudre.

En 1874, elle obtient son doctorat à l’université de Göttingen sur les équations différentielles. Mais à cause de son sexe, elle ne peut avoir un poste académique. Ce rejet l’affecta tellement qu’elle ne fit plus de recherche pendant 6 ans. En 1882, elle écrit trois articles sur la réfraction de la lumière . L’année suivante, son mari meurt, et elle s’installe à Stockholm. Elle donne quelques conférences à l’université et y obtient un poste de professeur en 1889, alors qu’elle est devenue célèbre.

Elle meurt prématurément d’une pleurésie.

Syline KHAMPHOUSONE

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Grace Chisholm Young Grace Chisholm Young

Grace Chisholm Young est née en 1868 et est morte en 1944. C'est une mathématicienne anglaise qui eut six enfants.

Elle travaillait à l'université de Göttingen, sous la direction de Felix Flein. En 1895, elle passe un doctorat et écrit un mémoire sur les groupes algébriques de trigonométrie sphérique.

William Henry Young devient son époux en 1886. Durant une longue période, elle se consacre à un travail coolaboratif avec son mari, et publie plusieurs ouvrages :

1905 : un traité de géométrie
1906 : un livre sur la théorie des ensembles.

Elle poursuit des recherches personnelles, et publie sous son propre nom, des travaux concernant les fondements du calcul, entre 1914 et 1916. Pour ses travaux sur la dérivation, elle reçoit le prix Gamble de Cambridge en 1915.

Un de ses fils meurt durant la Première Guerre Mondiale. C'est pourquoi, elle arrête ses recherches mathématiques.

Parallèlement aux recherches mathématiques, elle poursuit des études en médecine et écrit un des premiers livres pour enfants sur la reproduction : Bimbo and the Frogs.

Syline KHAMPHOUSONE

fleche

Emmy Noether Emmy Noether

Emmy Nœther est née en 1882 et est morte en 1935.
Elle est surtout connue pour ses contributions à l’algèbre abstraite et en particulier pour son étude sur « les conditions en chaîne des idéaux dans les anneaux. »

Fille du mathématicien Max Nœther, elle suit des cours à l’université d’Erlangen, où son père travail, en tant qu’auditeur libre, car en son temps, les filles ne pouvaient pas s’inscrire dans l’enseignement supérieur. En 1903, elle se spécialise en mathématiques. Sous la responsabilité de Gordan, elle passe une thèse sur les invariants algébrique. Son travail sur ce sujet la conduit à la formulation de plusieurs concepts de la théorie générale de la relativité d’Einstein.

En 1915 elle découvre un résultat très profond de physique théorique, loué par Einstein, qui prouve une relation entre les symétries en physique et les principes de conservation ; aujourd’hui parfois appelé Théorème de Nœther.

Emmy et Jean Cavaillès ont écrit une série de lettres, de 1872 à 1899 qui est une correspondance entre Georg Cantor et Richard Dedekind permettant de suivre la genèse de la théorie des ensembles.

En 1933, Nœther est renvoyée de l’Université de Göttingen à cause des nazis parce qu’elle est juive. Quelques temps après, elle donne des cours à l’Institut des études avancées de Princeton. Elle meurt en 1935, suite à une opération bénigne.

Emmy subit beaucoup de critiques désagréables du fait de son sexe. Elle a un réel potentiel en mathématiques, et sa candidature au titre de professeur à l’université de Göttingen provoque une forte opposition. Les autres personnes ne veulent pas de femme en tant que professeur, et Hilbert l’a défendu, mais sans succès.

Syline KHAMPHOUSONE

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Voici un petit jeu pour vous détendre et voir si vous avez retenu certaines informations.
Ci-dessous se trouve un mot croisé avec des indices, qui vous mèneront à la découverte des noms et prénoms de ces mathématiciennes vus au-dessus.

Bonne chance !

femmesmaths

  1. Surnommée la "fiancée" des sciences.
  2. Voltaire fût un de ses amants.
  3. Morte d'une pleurésie.
  4. Son père était directeur au Musée d'Alexandrie.
  5. Connue sous le nom de LeBlanc.
  6. Le pape Benoît XIV la nomme lecteur honoraire à l'Université de Bologne.
  7. Un de ses fils est mort durant le Première Guerre Mondiale.
  8. D'origine juive.
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2006